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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 13:31

D'autant plus qu'ils m'ont laissé un bon pourboire... 

 

Ignacio comprend l'allusion. Nous sommes à Tépito... Sortant un billet de 200 pesos de sa poche, Ignacio le met sous le nez du gardien de l'hôtel :

- Je peux juste voir les billets qu'ils vous ont laissés en paiement ? 

L'employé accepte.

Soupçons confirmés : ils sont bien de la fameuse série DM.

Ignacio abandonne sur le comptoir un second billet de 200 pesos :

- Vous ne m'avez jamais vu, n'est-ce pas, amigo ! 

Il sort précipitamment, enfourche son cheval mécanique. Une longue chevauchée va commencer.

Imaginant que les bandits vont prendre la direction de leur fief, dans le sud-est du pays où il est facile de se cacher dans la jungle profonde, Ignacio fait un point rapide. Il possède tout le nécessaire pour agir, bien que toute intervention soit risquée. Trois mille pesos dans sa ceinture, c'est à dire juste de quoi se nourrir et acheter de l'essence. Mais aussi une carte pour prendre du numéraire dans les billetteries. Une mitraillette ne formant qu'une bosse discrète sous son blouson de cuir noir. Le pistolet de dame est collé avec de l'adhésif sur sa jambe droite. Un coup d'oeil à son téléphone portable lui indique que la batterie est bien chargée. Il appelle Maria :

- Je suis sur leur piste. Tu ne bouges pas. Rassure-toi, ça va aller. En plus j'ai une mission pour toi. Dans le tiroir de la table de nuit, il y a un carnet d'adresses. Tu cherches le numéro du senior Toledo, tu sais mon ami qui a des connaissances dans la police. Demande-lui de ma part de se renseigner sur ce qu'est devenu Emilio. Demande lui aussi s'il peut retrouver le nom du propriétaire du minibus vert pomme immatriculé au Chiapas. J'espère que le numéro que j'ai lu n'est pas un faux, mais de toutes manières , il ne doit pas en exister des centaines. Dis lui aussi de me rappeler. Mais surtout qu'il ne me raconte rien au téléphone, dans un premier temps. Ce serait dangereux si par malheur la communication était interceptée. Qu'il laisse seulement sonner trois fois et c'est moi qui le rappellerai, dès que je le pourrai. Fais ça vite, rapidement. Courage. 

Sans faire d'excès de vitesse, car dans un premier temps, mieux vaut éviter de se faire repérer par la police de la route, Ignacio juge également nécessaire de laisser un peu d'avance à l'ennemi, afin d'être certain, que sur l'autoroute, le minibus vert se trouvera bien devant lui, et non derrière. Il est quasiment sûr que la destination finale sera le Chiapas, mais par quel itinéraire, Villahermosa ou Oaxaca ? Dans le doute, il opte cependant pour cette dernière capitale d'état, car s'il ne fait que supposer la destination finale du minibus, c'est l'itinéraire qu'il emprunterait lui même pour aller vers l'est. Croyant en sa bonne fortune, il prend donc d'abord la direction de l'autoroute de Puebla, sachant qu'il va gagner en altitude, sur les contreforts des plus hauts volcans du Mexique, précisément l'Iztaccihuatl dont les névés culminent à plus de 5000 mètres.

 

Poursuite au delà des volcans

 

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A chaque instant, il espère repérer le minibus vert. Ce qui le rassure, c'est qu'Emilio n'a pas rappelé. Donc Ursula doit encore être indemne :

- Si je retrouve ses ravisseurs, ça risque de barder. Et là, je ne ferai plus de quartier, rumine-t-il.

Ignacio s'éloigne déjà de Mexico. Dans son rétroviseur, il aperçoit, en contrebas, la ville immense s'étendant sur des dizaines de kilomètres. Un plan d'eau miroite, souvenir de l'ancien lac remplissant une immense cuvette cernée de volcans. C'est sur une de ses îles que furent érigés temples et palais de la première cité aztèque. La mégapole qui a remplacé la ville lacustre se perd dans la brume qui ouate les montagnes fermant l'horizon. Plus loin, le Nevado de Toluca ne se laisse même pas deviner. Si ses calculs sont bons, il a laissé au départ suffisamment d'avance au minibus. Il accélère maintenant franchement. Le compteur de la moto atteint déjà les 150 km/h, ce qui est largement suffisant car les occupants du véhicule poursuivi vont éviter les infractions pour échapper à tout contrôle, et ne dépasseront la vitesse autorisée, 110 km/h. Par contre, sur ses deux roues, avec une plaque minuscule presque illisible et un casque intégral, le pilote d'une moto est difficile à identifier et encore plus à intercepter. Ce qui lui laisse une marge de manœuvre.

- De plus pense Ignacio, moi, je n'ai rien à cacher. Avec la police, un simple excès de vitesse peut toujours s'arranger à l'amiable... 

La moto commence à descendre vers Puebla sur une autoroute qui, ce jour là, est quasi déserte. Il lui est donc facile de repérer, à quelques centaines de mètres, un point vert qui grossit d'autant plus que maintenant Ignacio accélère d'impatience.

- Ce sont eux murmure-t-il. Mais pas question de se faire remarquer. 

à suivre

 

et aussi http://billetschroniqueslactureveleedarnaud.overblog.com/

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commentaires

S
En tout cas un au moins ! Pour les autres c'est plus dur de prendre en cours...
Répondre
S
Très très bien ! Je lis avec grand plaisir !
Répondre
D
<br /> <br /> j'en suis heureux, mais ai-je beaucoup de fidèles lecteurs pour ce feuilleton ?<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Dominique Arnaud, le Mexique révélé
  • : Après avoir accompli de longs séjours au Mexique, j'ai beaucoup écrit sur ce pays que j'aime. Riche de mille facettes, il est si différent des clichés qu'on en présente ! Ce pays qui vaut bien mieux que ce que l'on en dit mérite l'ouverture de ce blog ayant pour but de vous faire pénétrer dans ce territoire extraordinaire. Ce sera par petites touches, en n'évoquant que ce que j'ai vécu, en parlant des expériences dont tous les touristes n'ont pas l'occasion, en donnant aussi bien des infos.
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