Quand je laisse mon esprit vagabonder jusqu'au Mexique, je ne songe pas forcément à tous ces lieux magiques considérés comme des fleurons touristiques. Non, je pense aussi à la vie de tous les jours, aux itinéraires quotidiens, par exemple à la Subida a Chalma que je descends souvent à pied pour gagner le centre-ville, avec Brigitte, que je remonte souvent à vélo - forte rampe - pour retrouver mes aztèques pénates sur le coteau (loma) dominant un profond ravin (barranca). Une subida c'est une côte et celle de Chalma à Cuernavaca possède ceci de particulier qu'elle fait partie de l’itinéraire des pèlerins convergeant plusieurs fois par an, à pied, vers le village de Chalma où apparut le fameux Christ tant vénéré quelques années après l'apparition de la vierge de la Guadalupe à Mexico. C'était au début du 16e siècle.
PELERINS AU MAIGRE VIATIQUE
De ces pèlerins j'ai souvent admiré l'effort, accompli en solitaire ou par groupes, en pleine canicule, avec parfois pour seul viatique une bouteille d'eau (mieux de coca) et aussi la lourde croix de bois de leur éreintant mais joyeux calvaire. La subida a Chalma relie l'agglomération à la montagne foisonnant d'une végétation d'altitude faisant songer aux forêts européennes, dans une zone naturelle quasiment inhabitée. J'adore y flâner, mais c'est la partie basse, dans le faubourg, qui me semble la plus typiquement mexicaine.
La voie principale dessert plusieurs quartiers, dont celui de la Mine, carrière toujours en exploitation qui est la porte d'une zone aride et ravinée, que nous avons baptisée le desierto...avec l'ami Alfredo perdu de vue...
Les petites rues résidentielles, portant le nom de rivières mexicaines, sont peu riches de commerces. Par contre le long de la subida fleurissent bon nombre de boutiques : supérettes de chaînes, petites épiceries, quincailleries, magasins d'artisans divers dont un fameux serrurier. Sans oublier les petits restaurateurs qui dressent leurs tréteaux le matin et les démontent le soir, tout un petit peuple attaché à la vie de son quartier, un quartier populaire où j'aime faire mes courses alimentaires, trouvant alléchante tant l'offre du marchand de primeurs, dont les avocats et les bananes sont superbes, que celle du boucher ou du marchand de poulets, qui n'ont pas leur pareil pour aplatir les escalopes, à la mexicaine.
J'ai oublié de vous dire que les arbres jalonnent mes balades d'agréables façon : ficus toujours verts, parfois envahissants, palmiers, tulipiers dont les hautes corolles s'harmonisent si bien avec les cascades bigarrées, descendant des murs de clôture, où vient de se poser une sauterelle géante qu'une passante m'a conseillé de ne pas toucher. Je ne sais pas si elle pique ou elle mord, cette grande sœur des chapulines, ces criquets grillés dont raffolent les gourmets de ce pays magique.
Voir aussi : http://labourgognereveleedarnaud.over-blog.com/
http://www.francaisamex.com/